Une brève histoire de la psychologie échiquéenne 1892 - 1946
26/09/2025
Les fondateurs d'Alfred Binet à Adriaan De Groot, par Ludovic Melier.
Comment Alfred Binet, les chercheurs soviétiques et Adriaan de Groot ont posé les bases de la psychologie cognitive grâce au jeu d'échecs ?
Le jeu d'échecs est souvent perçu comme une simple compétition intellectuelle, une bataille de stratégie entre deux esprits affûtés. Mais derrière les 64 cases et les mouvements codifiés, se cache un objet d'étude fascinant pour la psychologie. C'est précisément ce que démontre Ludovic Melier dans son mémoire universitaire, Une brève histoire de la psychologie échiquéenne (1892–1946), soutenu à l'Université de Paris.
Son travail retrace l'histoire peu connue de psychologues visionnaires qui ont utilisé le jeu d'échecs pour explorer les rouages de la pensée humaine. Le résultat ? Un voyage à travers un demi-siècle de recherches pionnières sur la mémoire, l'attention, la prise de décision et la pensée experte.
Aux origines : quand les échecs deviennent un laboratoire mental
Tout commence à la fin du XIXe siècle, à une époque où la psychologie devient une science expérimentale. Le Français Alfred Binet, célèbre pour ses travaux sur l'intelligence, s'intéresse aux performances étonnantes des joueurs d'échecs « à l'aveugle », capables de jouer plusieurs parties simultanées sans voir l'échiquier.
Binet démontre que ces joueurs n'utilisent pas simplement leur mémoire visuelle, mais plutôt une mémoire dynamique et conceptuelle. Il ouvre la voie à une nouvelle manière d'envisager les processus cognitifs, bien avant l'essor de la psychologie cognitive au XXe siècle.
Des pionniers aux quatre coins du monde
Dans les décennies suivantes, d'autres chercheurs s'engagent dans cette voie :
Alfred Alexander Cleveland (USA, 1907)
À l'Université Clark, il interroge les joueurs sur leur manière d'apprendre et de visualiser les positions. Il introduit l'idée de « sens de la position », une capacité intuitive à comprendre l'échiquier, qui s'affine avec l'expérience.