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Interview Léo BATTESTI, vice-président de la FFE   

19/08/2010

Vous êtes en même temps Président de la Ligue Corse et Vice-Président de la FFE : quelles sont les similitudes et les différences entre les 2 entités géographiques au niveau de la politique échiquéenne ?

Je pense que, tant au niveau de la FFE qu'au niveau de la Corse, les options de fond sont identiques : privilégier la popularisation du sport échiquéen, particulièrement via le secteur scolaire, et organiser une activité pédagogique et sportive autour de ce choix. La Corse était, il y a une dizaine d'années, un terrain quasi vierge, mais nous avons été, paradoxalement, avantagés pour développer cette politique. Les résultats sont là, nous sommes passés de 120 licenciés à plus de 5 000 et nous avons de nombreux joueurs qui ont désormais un bon niveau de jeu. La ligue a 14 salariés à temps plein et il se déroule plus de compétitions comptant pour le classement Fide en Corse que dans 140 pays membres de la Fide !

Au niveau fédéral, on constate également de fortes poussées lorsque ces choix sont opérés. L'exemple le plus frappant est celui de l'Ile de la Réunion. Sous la houlette de Stephane Escafre, l'île a fait un bond remarquable : + 300 % en une année, avec désormais 2000 licenciés. Toutefois, autre paradoxe, de telles stratégies sont plus difficiles à mettre en place dans des régions à forte tradition échiquéenne : et je le comprends parfaitement. De forts clubs avec de forts joueurs existent depuis si longtemps. Pourquoi changer ? Pourtant, je pense qu'il serait bon d'envisager de nouveaux enrichissements, en particulier par une politique au niveau scolaire et un rôle plus important des ligues. Les chiffres sont là, implacables. Ils démontrent au mieux une stagnation dans un environnement de plus en plus en décalage avec une pratique traditionnelle des échecs. à mon sens, de forts potentiels ne sont pas suffisamment exploités, malgré la qualité des responsables et des joueurs de ces régions.

Vous êtes connu dans le monde échiquéen pour votre militantisme en faveur de la disparition des nulles de complaisance. Que vous inspire le National à cet égard ?

J'ai tenu à dire aux joueurs que je ne partageais pas les critiques uniquement exprimées à leur égard. Même si le spectacle offert par certains est vraiment pathétique. Mais ces joueurs utilisent, certains du moins, tous les rouages d'un système qui, à mon sens, est contraire aux intérêts sportifs. C'est donc ce système qui doit être remis en cause. Ma position en la matière est connue. Ce sont les Corsican rules qui interdisent la proposition de nulle par accord mutuel, et qui ont déjà fait leur bout de chemin. Topalov et Danailov, après deux participations au Corsican Circuit, les ont adoptées pour le tournoi de Sofia. D'importants événements internationaux les appliquent également.

Je suis donc favorable à une évolution en la matière. En particulier pour le prochain championnat de France. Le sujet sera d'ailleurs à l'ordre du jour du prochain comité directeur de la FFE. C'est important, non seulement pour l'élite, mais aussi particulièrement pour les jeunes. Les échecs doivent être un sport exemplaire. Et en assainissant la situation, tout le monde sera gagnant. On me rétorquera que, quelle que soit la solution, des joueurs arriveront à faire des nulles arrangées à l'avance. D'abord, pour l'immense majorité d'entre eux, dont je fais partie, une fois qu'une partie commence, difficile de la contrôler… Pour ceux qui ont suffisamment de maîtrise, on peut faire confiance à 99 % d'entre eux pour être corrects et donc, jouer avec sportivité. L'entente frauduleuse n'est le fait que de quelques brebis galeuses facilement identifiables. En tant qu'organisateur cela m'est d'ailleurs déjà arrivé de sanctionner de tels agissements. Il faut être intransigeant face à de tels tricheurs...