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Entretien avec César Boutteville, multiple champion de France   

16/08/2010

Il n'y a pas d'âge paraît-il pour commencer à jouer aux échecs. Pas d'âge non plus pour s'y remettre. César Boutteville, l'un des joueurs au plus beau palmarès (6 titres de champion de France : 1945, 1950, 1954, 1955, 59 et 67) a repris la compétition en 2007 à l'âge de 90 ans ! César Boutteville rejoint alors le club de Le Chesnay-Versailles où il est embauché illico pour les matchs par équipes, avec pour mission de tenir le premier échiquier. Et en 6 parties jouées au cours de la saison 2006-2007, César Boutteville gagnait 22 points Elo FIDE. Un come back réussi !

Depuis combien d'années jouez-vous aux échecs et comment avez-vous appris ?
J'ai commencé vers 1931, tout à fait par hasard. A l'époque, nous habitions à Boulogne-sur-Mer, où nous nous étions installés après avoir quitté l'Indochine où je suis né. Un jour, un monsieur en visite chez moi, nous dit qu'il devait s'occuper des cadeaux pour la fête des échecs. Avec mes frères, nous lui demandons plus de détails car nous étions surpris d'apprendre qu'il y avait cette fête. Il nous indiqua qu'il s'occupait du club d'échecs local et il nous invita à passer dès le mercredi suivant. Ce fut chose faite... ainsi que les mercredis suivants ! J'ai acheté tous les bouquins d'échecs que j'ai pu, et à 14 ans, j'étais déjà l'un des plus forts joueurs de Boulogne-sur-Mer.


Quels sont les souvenirs qui vous ont le plus marqué au cours de votre carrière échiquéenne ?
Il n'y a pas de souvenirs précis, c'est une suite d'événements. Ma vie dans le monde des échecs a souvent laissé une place au hasard, ce qui m'a permis de faire des rencontres inattendues. Mais je me souviens des circonstances qui m'ont ramené aux échecs après 2 ans d'interruption. Suite à la crise économique des années 30 et après le décès de mon père en 1932, j'ai dû arrêter mes études plus tôt que prévu, et j'ai commencé à travailler dans la Banque Scalbert à Roubaix. Un jour, je suis parti jouer un tournoi de tennis de table à Lille. Je finis mon match et je descends au premier étage où il y avait un café. Un monsieur est assis devant un échiquier, tout seul. Je m'approche et lui propose de jouer une partie. Finalement, on en dispute plusieurs, et à ma grande surprise, j'apprend qu'il habite comme moi à Roubaix. Monsieur Dupin (c'était son nom), qui était antiquaire, m'a invité à passer le samedi suivant chez lui, et beaucoup de samedis à jouer aux échecs ont suivi . Il m'a fait connaitre le club de Lille, et très vite, j'ai commencé à jouer dans l'équipe du club. Sans cette rencontre, je n'aurais peut-être jamais repris les échecs...

Vous avez participé aux championnats de France, à 7 Olympiades et à des tournois internationaux. Quels sont les joueurs qui vous le plus impressionné ?
J'ai surtout été impressionné par les joueurs que j'ai croisé aux différentes Olympiades : les équipes soviétiques, avec Botvinnik, Smyslov, Tal, Spassky... et bien sûr, Fischer à Varna.

A Belfort, vous avez retrouvé le chemin du championnat de France. à combien de championnats de France avez-vous participé ?
Mon premier championnat de France, incroyable hasard (encore un), je l'ai disputé en 1945 dans un grand hôtel en face de...mon lieu de travail, la Banque Scalbert à Roubaix ! Je l'ai gagné d'ailleurs. Ensuite, je ne pouvais pas participer à tous les championnats de France car je n'étais pas professionnel des échecs. J'avais mon travail et, notamment les années où il y avait des Olympiades, je ne pouvais pas prendre des vacances pour jouer les 2 compétitions. J'ai dû disputer mon dernier championnat au début des années 70, en région parisienne...jusqu'à cette année, où j'ai accepté l'invitation de mon ami Jean-Paul Touzé.

Et pour conclure, une petite question piège… Quel est votre favori dans le National ?
Je dirais Bacrot...